Richesse piscicole

La Vire est une rivière classée en 2ème catégorie (poissons blancs et carnassiers dominants) sur tout son parcours dans la Manche.
Elle est classée rivière à poissons migrateurs (truites de mer, saumons, aloses) en aval du pont de la D53 à Condé-sur-Vire.
Considérée comme l’une des cinq meilleures rivières du domaine public français par des spécialistes halieutiques, la Vire est riche de diverses variétés de poissons.


De nombreuses espèces réalisent la richesse ichtyologique de la Vire, particulièrement en aval de la cluse de Pont-Farcy. Là se développe l’essentiel de cyprinidés :
- ablette, gardons, goujons, chevesnes, brèmes, carpes, tanches, etc... auxquelles les carnassiers font une chasse impitoyable :
- brochets, perches et sandres (ces derniers font l’objet d’un empoissonnement spécial dans les étangs de Torigny).

- Poissons migrateurs:

La Vire est sans doute l’une des 2 ou 3 meilleures rivières à truites de mer de France avec des années fastes, les années 80. Elles sont en régression depuis quelques années, ce qui a conduit la Société de pêche de Saint-Lô à entreprendre une action de réhabilitation sur 5 ans de ce poisson noble à sa pisciculture de Saint-Ebremond-de-Bonfossé.
Quelques saumons sont signalés chaque année, en particulier la prise de castillons (petits saumons de 6-7 livres). La Vire a été une rivière exceptionnelle à saumons au début du siècle.
Il est possible d’en produire à la pisciculture de la Société de pêche de Saint-Lô.

Des remontées d'aloses sontsignalées jusqu’aux Claies de Vire à la Meauffe.

Sans doute la truite fario ne se déplace-t-elle qu’à l’intérieur des eaux douces, alors que la truite de mer va passer le printemps et le début de l’été en mer .Ne pas confondre avec la truite saumonnée élevée avec des crevettes d’eau douce). L’anguille, pourtant recherchée par les fines tables, se raréfie à la suite des ponctions inconsidérées de civelles qui s’opèrent, au printemps, à l’entrée des estuaires de la Baie des Veys. L’alose est encore citée, ainsi que la lamproie, surtout en Basse Vire.
Les installations d’ouvrages (régulation et micro-centrales) ont gêné, après 1950, le passage des poissons migrateurs. Jusqu’au moment où le Département décida la construction d’échelles, facilitant le passage des obstacles. La dernière en date est celle de Fervaches (1998).
Malheureusement, des phénomènes d’eutrophisation se sont manifestés en période d’étiage
- naturelles (sécheresses)
- artificielles (travaux d’art)
Ce fut le cas aux Claies de Vire (entre 1973 et 1978) et aux abords de saint-Lô (1976 et entre 1980 et1983).
La Joigne, la Jacre, le Fumichon, l’Hain et l’Elle s’ouvrent également aux poissons migrateurs.


- Poissons carnassiers:
La Vire est très riche en brochets pouvant aller jusqu’à 15 kgs. La Société de pêche réempoissonne chaque année par le déversement de brochetons de 7 semaines, produits également à sa pisciculture. Ces quatre dernières années, plus de 25 000 brochetons ont été déversés.
Des Sandres sont présents dans la Vire en assez grand nombre et sont souvent de belle taille.


- Poissons blancs:
La Vire est exceptionnellement riche en poissons blancs ; gardons, brèmes, chevaisnes, perches, goujons, ablettes. Des records de France ont été battus à plusieurs reprises lors des championnats de France disputés sur la Vire ces dernières années. Nous trouvons également de la carpe de grosse taille (10/15 kgs). Le bief de Saint-Lô permet la pêche à la carpe de nuit. L’anguille, en abondance jusque dans les années 90 a tendance à voir sa population diminuer, comme partout en France du fait de la pêche abusive de la civelle et de maladies spécifiques.
N.B : Une inquiétude se fait sentir pour l’avenir : les cormorans sont de plus en plus nombreux sur la Vire et ont tendance à nidifier. Ces oiseaux, exclusivement piscivores (500 g de poissons par jour), sont protégés par les Directives Européennes. Si rien n’est fait, les dégâts seront considérables.

Droits de pêche

Le droit de pêche sur la Vire constitue un cas particulier, qui semble unique en France. En effet, bien que la rivière soit classée dans le domaine public français, le droit de pêche a été maintenu aux propriétaires riverains en amont de Saint-Lô qui peuvent le déléguer à des associations agréées de pêche et de protection des milieux aquatiques (AA PP MA). De Saint-Lô (Pont de la route de Coutances) au pont des Veys (RN 13), le droit de pêche est le fait de l’Etat (représenté par la Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt), qui peut traiter aussi avec les AA PP MA.Par un bail avec l’Etat, la Société de pêche de Saint-Lô détient le droit de pêche du Pont de Saint-Lô à l’écluse de Porribet (soit 20 km 328). Elle détient également le droit de pêche sur le canal Vire et Taute (11 km 470).
En amont de Saint-Lô, les A.P.P.M.A (Associations de Pêche et de Protection du Milieu Aquatique) de Saint-Lô, Condé, Torigni et Tessy gèrent une trentaine de kms de parcours de pêche jusqu’à la limite du département, avec quelques baux de pêche établis avec des riverains.

Les sociétés de pêche alevinent beaucoup en truites fario, en brochetons et en gardons. Les principales associations sur le département sont, après “ La Pêche de Pont-Farcy ”, “ Les Pêcheurs de Condé-sur-Vire ”, “ Les Pêcheurs à la Ligne de Saint-Lô ”, “ Les Amis de la Vire de Tessy ” et “ La Gaule Torignaise ”, auxquelles il faut adjoindre “ Les Pêcheurs de Cerisy-la-Forêt ”, intéressés par l’Elle.
L’œuvre des associations ne consiste pas seulement à développer la reproduction naturelle ou artificielle des populations aquatiques, à veiller à l’application des règles halieutiques, à surveiller le maintien des débits, mais surtout, à assurer la qualité de l’eau en luttant contre tous les éléments pollueurs.
Deux d’entre elles assument la direction d’une pisciculture : ce sont celles de Saint-Lô et de Torigny, une pour une installation située sur le Pont Main, à Saint-Ebremont-de-Bonfossé, l’autre pour une installation sur le Hamel, à Rouxeville. Des particuliers assurent pour leur compte l’élevage des truites sur l’Elle (au Moulin de la Roque, à Cerisy, au Moulin Hébert, à Moon-sur-Elle, et aux sources d’Elle, à Saint-Germain-sur-Elle). [texte M.Lantier]

PROPOSITIONS "POUR LA VIRE" pour un développement du tourisme halieutique:


- Achever les négociations sur les droits de pêche dans la partie de la Vire en amont de Saint-Lô. L’ouverture du chemin de halage devrait permettre d’aboutir et d’obtenir le droit de pêche sur l’ensemble de la rive parcourue par le chemin.
- Production à la pisciculture de Saint-Ebremond de Bonfossé
* de poissons nobles ; saumons et truites de mer, avec leur intérêt touristique incontestable.
* de brochetons : pêche très recherchée par son côté sportif (la pêche du sandre, autre carnassier, l’est également).
* de carpes ; pêche qui s’est très spécialisée par la création en France de clubs de Carpistes, affiliés à la fédération française de pêche au coup. La pêche à la carpe est très pratiquée en Angleterre. Des anglais viennent parfois la rechercher chez nous.
* de poissons blancs ; la pêche au coup est la plus pratiquée en France. Les grandes fédérations départementales sont composées essentiellement de pêcheurs au coup.
- Promotion et animation touristique:
La promotion pourra utiliser la presse spécialisée. Nous avons à Saint-Lô deux écrivains-journalistes spécialistes de la pêche de renommée nationale.
La relance des grandes compétitions de pêche au coup permettrait d’assurer une animation attractive. De 1963 aux années 80, le concours international de pêche au coup de Saint-Lô était la plus importante compétition halieutique française.
Il serait souhaitable d’inciter la création d’hébergements spécifiques pêche le long de la Vire et de les promouvoir.

* Gîtes de pêche
Il s’agit d’une formule de gîte rural, chambre d’hôte ou gîte d’étape agréée « Gîtes de France » spécialement organisée pour recevoir les pêcheurs. Chaque hébergement comprend un local pour entreposer le matériel, un vivier pour la conservation du poisson. Une carte avec les lieux de pêche, une barque en cas de besoin, des livres et des revues spécialisées sont mis à la disposition des pêcheurs. Il est souhaitable que le propriétaire dispose d’une compétence suffisante dans le type de pêche proposé.


* Logis de pêche
Ce sont des hôtels de petite et moyenne capacité situés presque exclusivement en dehors des centres urbains et labellisés « Logis de France ». Ils sont caractérisés par les mêmes équipements que les gîtes de pêche. L’hôtelier accepte de servir le petit déjeuner à l’aube, de préparer des paniers repas, de cuisiner le poisson pêché en valorisant si possible les recettes locales.


* Les hôtels Relais Saint-Pierre
Ces hôteliers se sont regroupés en 1983 pour mieux répondre à la demande des touristes pêcheurs et leur proposer d’autres activités de loisirs en complément (randonnée, tennis, équitation...). Ce type d’établissement existe dans le Calvados.

[texte Luc Barathieu]